Le Roi Baudouin
par Vincent Leroy
Baudouin, Albert, Charles, Léopold, Axel, Marie, Gustave de Saxe-Cobourg-Gotha, prince de Belgique, comte de Hainaut (de 1930 à 1934), duc de Brabant (de 1934 à 1951), naît le 7 septembre 1930 au château du Stuyvenbergh. Suite au décès du roi Albert Ier en 1934, son fils Léopold monte sur le trône et Baudouin devient le nouveau prince héritier.
L’enfance de Baudouin est marquée par le décès de sa maman la reine Astrid dans un accident de voiture à Küssnacht en Suisse, et par la deuxième guerre mondiale. Lors de l’invasion de la Belgique par les Allemands en 1940, Joséphine-Charlotte, Baudouin et Albert sont emmenés en France et en Espagne, avant de revenir quelques mois plus tard au château de Ciergnon où ils poursuivent leurs études avec des professeurs particuliers. En juin 1944, la famille royale belge est déportée à la forteresse d’Hirschtein en Allemagne, puis en Autriche où ils sont libérés par les armées alliées. La Question Royale les oblige ensuite à vivre en Suisse de 1945 à 1950.
En août 1950, le roi Léopold III cède ses prérogatives constitutionnelles à Baudouin, qui n’a que vingt ans et aucune formation militaire et politique approfondie. Il est nommé prince royal et lieutenant général du royaume. Un an plus tard, Léopold III abdique et Baudouin devient le cinquième roi des Belges. Durant la première décennie de son règne, il montre clairement que prendre la place de son père est un réel sacrifice et il ne manque pas de lui rendre hommage dans ses discours. On le surnomme « le roi triste » car il ne sourit pas lors de ses apparitions publiques, excepté lors de son voyage triomphal au Congo en 1955. L’Exposition Universelle de Bruxelles en 1958 est une réussite et montre le prestige de la Belgique sur la scène internationale.
Au cours de l’année 1960, le Congo devient indépendant et le roi Baudouin fait un mariage d’amour avec Fabiola de Mora y Aragon, une aristocrate espagnole. Le couple n’aura pas d’enfants. Leurs qualités humaines les incitent à diminuer les fastes de la Cour et à s’intéresser aux plus vulnérables de la société. Fabiola crée le Secrétariat Social de la Reine et la Fondation Nationale Reine Fabiola pour la Santé Mentale.
Depuis la fin de la Question Royale, les tensions communautaires se multiplient : fixations de la frontière linguistique et de l’emploi des langues dans l’enseignement et l’administration qui confirment l’unilinguisme des régions (1962-1963), expulsion des francophones de l’Université de Louvain (1968), scission des partis traditionnels, etc. Les nationalistes flamands veulent limiter toute nouvelle expansion de la culture française en territoire flamand. Le déclin économique de la Wallonie contraste avec l’essor démographique et industriel de la Flandre. Au début des années 70, le monde politique reconnaît officiellement l’existence en Belgique de trois communautés culturelles (flamande, française et germanophone) et de trois régions économiques (Bruxelles, la Flandre et la Wallonie).
Soucieux de l’unité du pays, le roi Baudouin prononce un discours important en 1976 : « Lorsque les fondateurs de la Belgique indépendante choisirent notre devise, ils étaient tout à fait conscients de notre diversité et de la nécessité de notre cohésion. Ils avaient estimé que les régions, avec leur autonomie légitime, constituaient des éléments complémentaires dans un ensemble, et ne devaient pas se présenter comme des adversaires envieux. Ils savaient que fédérer, c’est unir dans la différence acceptée, et non pas dissocier dans l’affrontement ».
A l’occasion de ses 25 ans de règne en 1976, le roi Baudouin refuse tout cadeau personnel et lance la Fondation Roi Baudouin qui a pour objectif l’amélioration des conditions de vie de la population et intervient dans de nombreux domaines (pauvreté, santé, traite des êtres humains, racisme, patrimoine, environnement, alphabétisation, etc.). Plus d’infos sur www.kbs-frb.be
La fédéralisation de la Belgique se poursuit. En 1980, des institutions régionales sont mises en place pour la Flandre et la Wallonie. Une nouvelle réforme de l’Etat en 1988-1989 élargit les compétences des régions et communautés, et donne à Bruxelles ses propres institutions. Les accords de la Saint-Michel en 1992 transforment la Belgique en un Etat fédéral et scindent la province de Brabant en deux.
Européen convaincu, le roi Baudouin se réjouit du choix de Bruxelles comme siège de la Commission Européenne et du Parlement Européen. En 1990, il refuse de signer la loi dépénalisant l’avortement. De nombreuses festivités populaires marquent son 60ème anniversaire et ses 30 ans de mariage en 1990, puis les 40 ans de son règne en 1991. La loi salique est abolie en 1991 dans l’ordre de succession au trône. A la fin de sa vie, le Roi s’implique dans la lutte contre la traite des êtres humains.
En vacances dans sa villa de Motril en Espagne, le roi Baudouin décède le 31 juillet 1993 d’une crise cardiaque. Il avait 63 ans. Les Belges lui rendent un vibrant hommage. Ses funérailles rassemblent de très nombreux chefs d’Etat et de gouvernement, dont la reine Elisabeth II d’Angleterre et l’empereur Akihito du Japon qui ne s’étaient jamais déplacés à l’étranger pour un enterrement. La cérémonie est marquée par le témoignage d’une prostituée rencontrée par le Roi quelques mois avant sa mort.