Rois

Le Roi Léopold II

par Vincent Leroy
Fils du roi Léopold Ier et de la reine Louise-Marie, Léopold naît en avril 1835 à Bruxelles. Il porte le titre de duc de Brabant jusqu’à son accession au trône. Des professeurs viennent lui enseigner l’histoire, la géographie, l’économie politique, la religion, etc. L’écrivain Henri Conscience lui apprend le néerlandais. Son enfance est assombrie par le décès de sa mère en 1850.

En 1853, le prince Léopold devient sénateur de droit. A plusieurs reprises, il prononce des discours suggérant l’agrandissement du port d’Anvers, la nécessité d’une politique d’expansion coloniale et de grands travaux dans la capitale. Le duc de Brabant fait un mariage politique sans aucun amour avec l’archiduchesse Marie-Henriette d’Autriche. Le couple a quatre enfants : le prince Léopold, les princesses Louise, Stéphanie et Clémentine.

Suite au décès de son père en 1865, Léopold II monte sur le trône et détient, à l’heure actuelle, le record de longévité de notre dynastie (44 ans de règne). Voici un extrait du discours qu’il a prononcé lors de sa prestation de serment :

« Premier roi des Belges à qui la Belgique ait donné le jour, je me suis depuis mon enfance associé à toutes les patriotiques émotions du pays. Comme lui, j’ai suivi avec bonheur ce développement national qui féconde dans son sein toutes les sources de force et de prospérité. Comme lui, j’aime les grandes institutions qui garantissent l’ordre en même temps que la liberté et sont la base la plus solide du trône. Dans ma pensée, l’avenir de la Belgique s’est toujours confondu avec le mien et toujours je l’ai considéré avec cette confiance qu’inspire le droit d’une nation libre, honnête et courageuse, qui veut son indépendance, qui a su la conquérir et s’en montrer digne, qui saura la garder. Je n’ai jamais fait de distinction entre les Belges. Ma mission constitutionnelle me range en dehors des luttes d’opinion, laissant au pays lui-même à décider entre elles. Mon sympathique concours est assuré à tous ceux qui dévoueront à cette œuvre leur intelligence et leur travail. C’est en persistant dans cette voie d’activité et de sage progrès que la Belgique affermira de plus en plus ses institutions au-dedans et qu’au dehors elle conservera cette estime dont les puissances garantes de son indépendance et les autres Etats étrangers n’ont cessé de lui donner et lui renouvellent aujourd’hui encore le bienveillant témoignage ».

Grâce à son statut de neutralité, la Belgique réussit à se maintenir en dehors des conflits internationaux du XIXème siècle. Léopold II s’efforce de rendre notre pays moins vulnérable : il obtient la construction des fortifications de Liège, Namur et Anvers, et la réforme du service militaire qu’il signe quelques jours avant sa mort en 1909. Auparavant, le recrutement de l’armée belge se faisait sur le volontariat et le tirage au sort avec possibilité de se faire remplacer (moyennant une somme d’argent). Ce système est aboli en 1909 et remplacé par le service d’un fils par famille.

C’est sous le règne de Léopold II que sont votées d’importantes lois sociales : suppression du livret d’ouvrier, droit de former des syndicats, âge d’admission des enfants dans les usines fixé à 12 ans, interdiction du travail de nuit aux enfants de moins de 16 ans et du travail souterrain pour les femmes de moins de 21 ans, réparations pour les accidents de travail, repos dominical, etc.

Fortement industrialisée, la Belgique manque de matières premières. C’est la raison principale pour laquelle Léopold II s’intéresse à l’Afrique centrale et plus précisément à la région du fleuve Congo que vient de reconnaître l’explorateur anglo-américain Stanley. Dès son retour en Europe, il rencontre le Roi qui fonde en 1878 le Comité d’études du Haut-Congo. Le Congrès de Berlin en 1885 reconnaît l’Etat indépendant du Congo avec le roi Léopold comme souverain. Le Parlement belge l’autorise à assumer cette fonction, à condition qu’elle n’entraîne aucune charge financière ou militaire pour la Belgique.

Surnommé le roi bâtisseur, Léopold II entreprend de grands travaux dans la capitale : transformation du palais royal, création de grandes avenues et de parcs publics, construction du palais de justice, des serres royales de Laeken, des arcades du Cinquantenaire, etc. Il développe également la station balnéaire d’Ostende où il séjourne régulièrement.

En 1900, Léopold II crée la Donation Royale qui regroupe le patrimoine immobilier qu’il a acheté ou hérité au cours de sa vie. La Donation Royale est léguée à la Belgique à trois conditions : les terrains et bâtiments ne peuvent être vendus, certains d’entre eux doivent garder leur fonction et leur aspect d’origine, ou/et être mis à la disposition du chef de l’Etat. Parmi eux, on trouve notamment les châteaux du Belvédère, de Val Duchesse, de Ciergnon et du Stuyvenbergh, le parc Duden à Forest, la Tour Japonaise, le Pavillon Chinois, l’arboretum de Tervuren, mais aussi des bureaux et terres agricoles loués afin de procurer des rentrées financières à la Donation Royale.Suite au décès de son fils Léopold et à la loi salique qui interdit à ses filles de monter sur le trône, c’est son neveu Albert qui lui succède en 1909.

La Belgique est, à cette époque, la neuvième puissance économique du monde et dispose désormais d’une colonie – léguée par Léopold II – qui va lui apporter d’énormes débouchés pendant plusieurs décennies et accroître son prestige sur le plan international.

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