Rois

Le Roi Léopold III

Léopold, Philippe, Charles, Albert, Meinrad, Hubertus, Marie, Miguel de Saxe-Cobourg-Gotha, prince de Belgique, naît le 3 novembre 1901 à Bruxelles. Son parrain est le roi Léopold II. Après l’accession au trône de ses parents Albert Ier et Elisabeth en 1909, Léopold est titré duc de Brabant et devient le nouveau prince héritier. Sa formation est dispensée par des professeurs particuliers.

Lors de l’invasion de la Belgique par les Allemands en 1914, le couple royal envoie ses enfants en Angleterre. Léopold y poursuit ses études au collège d’Eton et est incorporé pendant six mois comme fantassin au 12ème régiment de ligne derrière les tranchées de l’Yser. Après l’armistice du 11 novembre 1918, il accompagne ses parents lors des Joyeuses Entrées dans les villes libérées, intègre l’Ecole Royale Militaire et devient sénateur de droit. Léopold entreprend aussi une série de voyages d’études : les Etats-Unis (1919), le Brésil (1921), l’Egypte et le Soudan (1923), et le Congo (1925).

En 1926, le duc de Brabant fait un mariage d’amour avec la mythique Astrid, fille du prince Carl de Suède et de la princesse Ingeborg du Danemark. Les jeunes mariés s’installent au château du Stuyvenbergh et auront trois enfants : la princesse Joséphine-Charlotte (née en 1927), le prince Baudouin (né en 1930) et le prince Albert (né en 1934).

Suite au décès de son père à Marche-les-Dames en 1934, Léopold III devient le quatrième roi des Belges. Un an plus tard, la reine Astrid trouve la mort dans un accident de voiture à Küssnacht en Suisse. Elle n’a que trente ans.

Le début du règne de Léopold III est marqué par l’instabilité du régime parlementaire, la dépression économique et la montée de l’extrême-droite. Dirigé par Léon Degrelle, le parti rexiste (21 députés en 1936) réclame la disparition des partis politiques et leur remplacement par un parti unique, placé sous les ordres d’un chef aux pouvoirs proches d’un dictateur. De nouvelles lois sociales sont votées à la fin des années 30 : augmentation des salaires, 6 jours de congés payés par an, semaine de 40h dans les industries dangereuses, instauration du salaire minimum, liberté syndicale, assurance obligatoire contre le chômage, la maladie et l’invalidité.

Face aux dangers qui menacent à nouveau notre indépendance, le roi Léopold III obtient le retour de la politique de neutralité de la Belgique. Il fait moderniser nos fortifications et le service militaire est porté à 17 mois. En août 1939, Léopold III réunit à Bruxelles les représentants des « petits pays » du Bénélux et de la Scandinavie, et lance un appel solennel à la paix et au dialogue. Ils ne seront pas entendus. Un mois plus tard, la Belgique réaffirme sa neutralité lors de l’invasion de la Pologne par l’Allemagne.

Le 10 mai 1940, les Allemands envahissent notre pays et Léopold III prend le commandement de l’armée belge, qui n’est pas assez nombreuse et préparée pour résister à nos ennemis. La Question Royale naît à cette époque : le gouvernement demande au Roi de partir avec lui à l’étranger auprès des Alliés, mais Léopold refuse et veut rester avec son armée. Le 28 mai, il annonce la capitulation de la Belgique, ce qui lui vaut la colère de la France. Notre pays est occupé par les Allemands ; le Roi est prisonnier politique au domaine de Laeken.

Son second mariage avec Lilian Baels en 1941 est mal perçu pour deux raisons : les Belges restent attachés au souvenir de la très populaire reine Astrid d’une part, et leur mariage civil a eu lieu trois mois après leur union religieuse (alors que la loi exige l’inverse) d’autre part. Lors du débarquement des Alliés en Normandie en juin 1944, la famille royale belge est déportée à la forteresse d’Hirschtein, puis en Autriche où ils sont libérés un an plus tard. Entretemps, le prince Charles (le frère de Léopold) a été élu régent du royaume.

La Question Royale empêche le Roi de revenir en Belgique ; il s’installe en Suisse de 1945 à 1950. Son comportement durant la guerre divise le monde politique : il est soutenu par les catholiques et une partie des libéraux, tandis que les socialistes, les communistes et certains libéraux s’opposent à son retour. Une phrase de son testament politique accuse le gouvernement belge de 1940 :  « Le prestige de la Couronne et l’honneur du pays s’opposent à ce que les auteurs de ces discours exercent quelque autorité que ce soit en Belgique libérée, aussi longtemps qu’ils n’auront pas répudié leur erreur et fait réparation solennelle et entière ».  En mars 1950, une consultation populaire est organisée : 57% des Belges se prononcent en faveur du Roi.

Léopold III rentre en Belgique dans un climat tendu. La mort de trois manifestants à Grâce-Berleur, la grêve générale et la pression du gouvernement l’incitent à déléguer ses pouvoirs à son fils aîné le prince Baudouin, âgé de 20 ans. En 1951, il abdique.

Après le mariage du roi Baudouin, Léopold III, Lilian et leurs trois enfants (Alexandre, Marie-Christine et Marie-Esméralda) quittent définitivement Laeken pour une vie discrète au domaine royal d’Argenteuil. Il entreprend des expéditions scientifiques à travers le monde et crée le Fonds Léopold III pour l’exploration et la conservation de la nature.

Le roi Léopold décède en septembre 1983 et est inhumé dans la crypte royale de Laeken. A l’occasion du centième anniversaire de sa naissance en 2001, sa veuve la princesse Lilian donne son autorisation à la publication posthume des mémoires de l’ancien souverain. Après le décès de la princesse en 2002, le domaine royal d’Argenteuil a été vendu par l’Etat belge.

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